Chaque année, des personnes me demandent les conseils techniques pour les reproductions des originaux, comment je procède, est-ce que j’en parlerai dans un atelier ? Etc.

Le plus simple et durable, est de l’écrire, finalement !

Dans cette partie, on va voir la première des étapes : sauvegarder ses originaux en fichiers images.

Cela nécessite un minimum de connaissance du jargon de l’impression grâce à l’informatique. Je vous laisse vous renseigner sur les mots que vous ne connaîtriez pas… 🙄

Le matériel :
  • Un scanneur
  • Et/ou un appareil photographie reflex
  • Un ordinateur, avec si possible un bon calibrage de la couleur et de la luminosité
  • Un logiciel de retouche d’image

Est-ce un investissement coûteux ? Oui, tout de même. Être autonome avec ses propres appareils, sera cher 🥴 ; cependant le commander par une tierce personne sera encore plus cher. 🤢 Mais y aller progressivement selon l’évolution de votre art, cela devient raisonnable.

Quel est le meilleur rendu ?

🥇 C’est une image à 300 dpi au format réel de votre œuvre, en TIF (sinon PSD ou EPS). Faites-vous-en une règle d’or, car c’est le résultat que vous visez !

Une qualité inférieure ne permettra pas un travail ou une reproduction de qualité. Même un génie ne pourra pas vous donner satisfaction si à l’origine votre fichier est de mauvaise qualité. Et si vous n’êtes plus en possession de votre œuvre, vous vous en mordrez les doigts ! 😱

 

Scanner votre œuvre :

Autant que possible, privilégiez le scanneur, car la pixellisation est bien meilleure et la manœuvre nettement plus facile et rapide ! 💖

Petit scanneur « maison » :

Les petits scanneurs intégrés à toutes les imprimantes standards ne sont pas si terriblement mauvais, si on a l’ordinateur qui a un bon calibrage des couleurs où l’on peut corriger par la suite les différences avec l’original.

👍 L’avantage de ces scanneurs, c’est qu’ils ont souvent une résolution élevée. Vous pouvez donc choisir de scanner à 400 dpi. Puis descendre à 300 dpi en préservant l’échantillonnage du format dans le logiciel. Le format final pour un 300 dpi sera plus grand que votre original, mais dans ce cas-là, tant mieux ! Vous aurez plus de possibilités d’utilisation !

En revanche n’augmentez pas trop la résolution du scanneur, car pour compenser une netteté supérieure, l’appareil va créer des pixels supplémentaires (qui n’existent finalement pas dans l’œuvre). Vous pouvez vous retrouver avec une grille ou des lignes de couleurs bizarres, comme un bug informatique. Selon la technique plastique de l’œuvre, l’intensité d’une couleur unie, ou les épaisseurs dans la texture de la matière, vous pouvez aussi avoir un tel résultat, redescendez la résolution dans les paramètres de votre scanneur, et cela ira mieux.

👎 Le désavantage c’est que les couleurs peuvent être dénaturées, et souvent trop saturées, ou avec ce désagréable cadrillage de pixels où la netteté a été forcée. Les couleurs peuvent se rattraper dans les colométries du logiciel de retouches d’image. La netteté peut aussi être adoucie ou augmentée selon votre souhait. (Voir plus bas tout ce qui concerne les retouches.) Sans aucune retouche, c’est effectivement plus compliqué et assez incertain d’avoir un résultat fidèle à votre œuvre !

Et bien sûr, le gros désavantage est le petit format !! Dans l’art, c’est rare qu’une œuvre ne dépasse pas du scanneur A4 ! Si ce n’est pas trop grand, on peut le faire en plusieurs morceaux et recomposer l’image avec le logiciel de retouche (voir format A3 plus bas). Cela passe encore…

Les scanneurs professionnels :

Quand le format est trop grand, on va penser à contacter un professionnel qui pourra le faire pour nous… Aïe ! Ouille ! 🥵

Oui, les grands scanneurs existent…, c’est dans le domaine des professionnels pour les musées (uniquement à Paris ?), mais c’est extrêmement cher !! De plus, ils ne fournissent même pas obligatoirement un fichier à la taille réelle de l’œuvre ! Ils demandent la taille finale que vous voulez, selon votre utilisation, et calculent le prix selon cette taille (la taille de l’original a peu d’importance, vous dites ?!). Vous vous trouverez avec un fichier en 300 dpi au format 20 x 27 cm pour 250€ ou 450€, environ ??!! Et là, vous voyez triple « gloups ! Il n’y a vraiment aucune autre solution ?? Ils font comment les autres artistes ?? » 😵

Eh ben, étrangement non, dans ce siècle de l’hyper-technologie, scanneur en grand format, c’est très rare. C’est presque demander la lune ! 🌙

Sauf changement depuis quelques années, cette option est peu envisageable…

Les scanneurs A3 :

Alors acheter un scanneur de taille moyenne voire grand, bizarrement cela n’existe presque pas. Je n’ai trouvé qu’une seule marque, pour un seul format, le A3. (Sauf erreur, ce type de matériel n’a pas vraiment changé depuis longtemps.)

💝 C’est le Scan A3 2400 Pro de la marque Mustek, celui que j’utilise encore aujourd’hui. Il est très très simple d’utilisation, et hormis le cordon USB qui a été remplacé, il fonctionne toujours parfaitement après plusieurs années. Et le résultat est très satisfaisant. Il proposera uniquement du 300 dpi. C’est la solution la plus rentable et accessible que j’aie trouvée 💡.

Vous choisissez les paramètres élevés pour une qualité d’image supérieure, vous placez votre image, sans oublier de dépoussiérer entre deux utilisations. Si l’œuvre gondole ou dépasse du scanneur, vous rajoutez une grande plaque ou livre pour aplatir le plus uniformément possible de la feuille ou la toile sur la zone centrale du scanneur. Vous fermez le couvercle (ou pas), s’il y a besoin d’un peu plus de poids, vous rajoutez quelques livres. Il ne faut pas écraser le scanneur non plus, mais s’il y a besoin de maintenir ou aplatir l’œuvre, cela peut aider. Et vous scannez.

En une seule ou plusieurs fois, l’œuvre est scannée. Si vous l’avez fait en plusieurs fois parce que l’original était trop grand, vous reconstituez l’image avec un logiciel de retouche. C’est certes plus long, et il faut être précis, supprimer les bords trop flous, remettre droit des parties si besoin, etc. Le fichier final sera un peu plus lourd que la normale également. Cependant, le rendu est le meilleur, donc aucun regret de mon côté. J’ai scanné des originaux de cette manière jusqu’à 80 cm.

Les couleurs seront plus fidèles que les scanneurs classiques. Selon le support très texturé de l’œuvre, ou une forte intensité des pigments poudreux, je ne sais pas exactement, il y a parfois un défaut dans les pixels, une grille ou une ligne. Mais cela se corrige aisément dans les retouches sur l’ordinateur. (Voir la suite plus bas dans les retouches d’images.)

 

Photographier votre œuvre :

Pour les grands et très grands formats, le scanneur deviendra très compliqué ! 🤪 Il va falloir songer à cette autre possibilité qu’est la photographie. 🤔

Photographies par un professionnel :

Oui, c’est tout de même un peu plus accessible que le scanneur par des professionnels… Ouf ! 😅

Mais bon, et encore, par rapport au résultat… Satisfaisant ?… Pas toujours, pas complètement, pas très fiable, oups… Il vaut mieux connaître le professionnel, au moins lui demander s’il a déjà travaillé pour un musée, un artiste, une galerie, une exposition !? Car la photographie d’une œuvre demande quelques paramètres et conditions spécifiques, et si la personne ne s’y est pas formée, elle ne saura pas, et ne vérifiera probablement pas avant d’essayer sur votre original.

Ensuite, ce professionnel vous donnera une image de votre œuvre entière, qu’il aura photographiée en entier. Cela paraît logique et c’est convenu dans son travail normal. L’inconvénient pour vous, c’est que votre original étant grand, l’image finale en photographie ne sera tout de même pas à la taille réelle (j’entends pour 300 dpi, toujours). Et quand vous allez imprimer dans un format un peu grand, vous allez trouver qu’il y a un flou, et vous allez faire une moue d’insatisfaction pour le prix que vous avez déboursé ! 😥 Et sans comprendre, pensant à une arnaque professionnelle, vous allez être en colère ! 😡 Alors qu’il aura juste fait son job

Alors avec un professionnel ? Oui, ok. Mais renseignez-vous et posez des questions avant de lui confier votre travail.

Photographies par soi-même :

La photographie en intérieur nécessitera du matériel professionnel, tel que flashe studio, parapluie parabolique, réflecteur, etc… Si vous pouvez en avoir, tant mieux, alors les conditions pour l’intérieur seront rassemblées.

Si vous n’avez pas cette possibilité, oubliez complètement la photographie en intérieur, même si vous avez beaucoup de lumière, avec des grandes fenêtres, des murs blancs ou n’importe quelle autre bonne condition, avec tous les paramètres enregistrés sur votre super appareil photo, vous n’aurez tout simplement jamais un résultat utilisable. Même avec le meilleur logiciel de retouche d’image, vous n’arriverez pas à rattraper le filtre flou et grisâtre sans dénaturer une autre partie, ou une autre couleur de votre œuvre. C’est source d’énervement à s’arracher les cheveux en pleine nuit ! Ces photographies seront finalement infidèles à votre original, et surtout irrécupérables. Et là, après avoir passé un temps fou à essayer, et à comprendre « pourquoi », vous êtes juste dépité, les cernes sous vos yeux le confirmeront ! La conclusion est limpide : La luminosité et précision dont vous aurez à l’intérieur n’égaleront jamais celles que vous aurez à l’extérieur.

La photographie en extérieur est donc la plus viable et économique, si vous n’avez pas accès à du matériel studio pour l’intérieur.

Les conditions extérieures seront un peu exigeantes, mais tout à fait réalisables.

  • Vous devez être sur un sol plat et uniforme, soit ultraplat ! Dans un espace de 2 à 5 m sur 2-3 m environ, où vous pouvez être tranquille sans gêner autrui et les voitures ! Votre espace dépendra de la taille de votre œuvre, de votre zoom, et du recul dont vous avez besoin entre les deux.
  • ⭐️ Le meilleur climat sera un ciel couvert, sans risque de pluie bien sûr, mais sans risque d’éclaircie non plus et sans vent. Soit un ciel hivernal, en plein milieu de la journée, ce sera parfait ! Dans ce cas, vous pourrez vous placer plein face au soleil, étant complètement voilé par les nuages, la lumière ne sera pas directe, mais douce tout en enveloppant uniformément votre œuvre. C’est idéal et vous n’avez besoin de rien d’autre ⭐️. En hiver, les meilleures heures seront vers 11h jusqu’à 15h approximativement, avant ou après, dès que la lumière est trop faible, il ne vaut mieux pas. En été, vous aurez plus de latitude, mais si la lumière est trop intense au zénith même avec les nuages, il faudra choisir un horaire plutôt avant ou après.
  • Si le temps est beau, et très beau, c’est très bien aussi, mais il vous faudra trouver un endroit complètement à l’ombre pour placer votre œuvre et votre appareil. Le mur d’un bâtiment, d’un garage, entre deux murs d’une ruelle serrée mais pas trop, sous un préau couvert, une voute, etc. Vous devez obtenir un maximum de lumière naturelle, sans qu’elle ne soit directe sur votre œuvre, et sans ombre portée d’un objet, ni du feuillage des arbres. Une lumière directe sera trop forte et éblouissante (votre œuvre sera quasiment blanche, et ce n’est pas récupérable), et même en hiver, cela risque de créer des ombres trop prononcées de la texture de votre original. Les murs, paravents ou toit autour de l’œuvre réfléchiront une partie de la lumière, ou pas, si les couleurs sont sombres. Aussi, vous devez placer votre œuvre de façon qu’elle reçoive le plus possible une luminosité uniforme. En face de la position du soleil ou à contre-jour, selon ce que vous avez autour, c’est possible. En revanche, en biais par rapport à la position du soleil, c’est peu probable, ou alors vous avez une forte lumière qui est réfléchie par un mur opposé à l’arrivée de la lumière… En bref, sur votre œuvre, autant que possible, vous ne devez pas avoir un endroit plus lumineux, et une zone plus dans l’ombre, mais plutôt une lumière naturelle et douce uniformément répartie. Plus votre espace est serré, et/ou avec les matières sombres qui ne réfléchissent pas de lumière, plus vous vous retrouvez dans des conditions non désirées d’une salle d’intérieur. D’où la grande gratitude que l’on peut brusquement ressentir pour un ciel bien couvert de nuages blancs, n’en déplaisent à vos amis ! 😇

Il vous faudra les matériaux et ustensiles de base suivants :

  • Un appareil photo reflex
  • Un objectif avec un champ large
  • Un trépied
  • Une commande à distance (c’est préférable, mais facultatif)
  • Un chevalet
  • Une ficelle, un ruban ou du fil de fer (ou autre pour accrocher) et de quoi le couper.

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Je m’arrête là pour l’instant avec cet article, merci d’avoir lu mes conseils, en espérant qu’ils puissent vous servir… Et si vous avez d’autres astuces ou tuyaux dans vos expériences réussies, je veux bien les connaître également.

Dans cet article il restera à écrire les prises de vue de l’œuvre en entier ou en plusieurs fois, avec les paramètres spécifiques pour le moins très importants sur l’appareil photo afin de bien photographier des œuvres d’art.

Il sera aussi publié – plus ou moins vite selon la demande, les commentaires – les conseils adaptés aux retouches des photos ou des scans pour le réajustement aux vraies couleurs.

Et enfin un article sur les différentes impressions possibles.

A la prochaine pour la suite…

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